Mission février 2016

Mission au Sénégal Oriental du 21 au 26 février 2016 Patrick Dewavrin et Francis Klotz ont eu le bonheur d’être accompagnés par Georges Isserlis, compagnon de la première heure.

Après le voyage traditionnel, nous avons retrouvé avec plaisir le centre à Bala. L’ordre et la propreté règne sous l’impulsion dynamique du médecin chef le Dr Ibrahima Faye et du gestionnaire Habibou Dia.
Sur la route nous nous sommes arrêtés au foyer de jeunes filles tenu par les sœurs, accompagnés par notre ami Raymond Haddad. En effet des bourses ont pu être mobilisées pour des jeunes filles nécessiteuses grâce à la contribution de la fondation Mac Millan.

Patrick Dewavrin a pu finaliser le protocole de cette aide avec la sœur Marie Angèle supérieure de la maison.

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Monsieur et Madame Cartigny, leur fille et le sourcier Henri de l’association « Eau claire », partenaire du Kaïcedrat, étaient là aussi pour reconnaître la région où ils vont dorénavant travailler avec nous sur les questions d’eau de forages et de puits dans les villages.

Le séjour s‘est déroulé dans une grande convivialité.

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F.Klotz, I.Faye, G.Isserlis, P.Dewavrin, J.Cartigny

 

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matériel de mise en place des implants javelle sous anesthésie locale

 

Comme a l’accoutumé nous avons sillonné les villages avec les équipes mobiles qui gardent la même motivation dans leurs divers taches. L’accueil des populations est enthousiaste et les consultations prénatales et de planning familial se multiplient. Les sages femmes placent maintenant les implants de contraception de longue durée dans les cases de santé, ce qui est un gros progrès dans la prise en charge des femmes des villages.

Les causeries ont été agrémentées par des diaporamas construits par les infirmiers et projetés grâce au video projecteur branché sur la batterie du véhicule. Cette nouveauté est très appréciée par les villageois qui n’ont pas d’électricité chez eux !

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Diaporamas pédagogiques pendant les causeries

 

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Attente de la population avant la case de santé

 

L’équipe d’Eau Claire a fait le point des puits et des forages dans plusieurs villages et a contrôlé les distributeurs de chlore déjà en place. Ils se sont ensuite rendus à Kedougou et au pays Bedik accompagnés de Georges Isserlis qui tenait à revoir l’hôpital de Nine Fesha où il avait beaucoup travaillé.

MISSION DE SUPERVISION DE L’EQUIPE MOBILE DE DAWADY!

Le jeudi 25 février, au petit matin, les Dr Ibrahima Faye et Patrick Dewavrin rejoignent le poste de santé de DAWADY, point de départ de notre troisième équipe mobile. Ils y retrouvent  Aissatou Diallo, la sage femme du Kaicedrat, Alassane Touré, l’infirmier public et le chauffeur du véhicule 4X4 Duster . L’accueil fut très sympathique. Le poste de santé, de construction récente, est bien équipé. Le 4X4 Renault Duster, en bon état, parfaitement entretenu.

Nous quittons le poste. Après une heure de route sur la piste nous approchons du village de DIMBO, notre destination, où réside une population de 568 habitants.

A 300 mètres du village, un homme nous fait signe de nous arrêter. Aissatou ne semble pas surprise, Il nous demande de regarder l’entrée du village. Nous avons la surprise d’y observer un nuage de poussière se déplacer dans notre direction. Il en sort bientôt une joyeuse troupe qui vient vers nous, grossit à vue d’oeil, s’agite, chante, danse, au rythme des tambours. C’est toute la population du village qui a organisé une fête pour nous remercier d’avoir pris en charge sa santé. Distants de 18kms du poste public, beaucoup de villageois ne se soignaient pas et de nombreuses femmes enceintes n’étaient pas suivies..! La fête est intense et dure près d’une demi- heure. Nous descendons du véhicule et rentrons à pied dans le village, accompagnés par les danseurs et les musiciens. Aissatou et le Dr Faye participent!

 

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Accueil de l’équipe mobile

 

Arrivés à la case de santé Aissatou nous présente le couple de relais du village. L’homme est en même temps DES DOM (c’est à dire chargé de la lutte contre le paludisme). Il nous fait bonne impression, son carnet de suivi est bien tenu. La femme est matrone!

Aissatou consultera pendant 4 heures, sans interruption, 22 femmes enceintes et 13 enfants.

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A gauche, Aissatou et les deux relais, à droite, enfant après la consultation

 

Au fur est à mesure qu’elle les reçoit d’autres femmes arrivent de différents endroits du village et prennent leur tour. C’est un flux ininterrompu!

Le carnet de suivi du relais, sur lequel est inscrit le nom des consultantes ne comportait pas assez de lignes pour les enregistrer. Aissatou est très populaire et la population l’a rapidement adoptée. Les femmes sont vues tous les mois, c’est à dire trois fois plus souvent que le rythme préconisé par le ministère ( 1 CPN par trimestre ). C’est nécessaire pour dépister à temps les toxémies gravidiques. L’an dernier le taux d’achèvement des consultations prénatales était de 20%

On peut facilement anticiper qu’il va doubler ou tripler cette année !

Le nombre de femmes enceintes dans le village, rapporté à la population est très élevé !

De même le nombre d’enfants de moins de 24 mois recensés dans ce village est de 72. Ce nombre est tellement important qu’il faut supposer que le village accueille des enfants venant d’autres villages!

Le taux de fécondité dépasse probablement les 9 enfants par femme.

Le taux de contraception était de 3% l’an dernier sur les 20 villages. On comprend donc pourquoi la fécondité est si élevée!

Depuis qu’Aissatou a pris ses fonctions (il y a 4 mois ), 10 nouvelles femmes ont adhéré au planning familial ( injection tous les 3 mois ). Il est possible que le taux de prévalence double à la fin de sa première année d’exercice.

En ce qui concerne les enfants nous avons noté sur le carnet de suivi du relais 4 décès au cours des 4 derniers mois : deux dus au paludisme, un de diarrhée et un de malnutrition. Cela nous semble beaucoup en peu de temps pour un village de 500 habitants. Nous n’avons pas eu de décès d’enfants à Bala pendant cette période.

Nous avons observé nous mêmes un enfant émacié dont les parents ne semblaient pas pauvres mais qui manifestement était mal nourri par sa mère.

Nous quittons le village vers 16h00 et tenons une brève réunion au poste de santé. Alassane Touré qui tient d’excellentes statistiques nous indique que les cas de paludisme ont été 10 fois plus fréquents en 2015 qu’en 2014, ce qui interpelle sur l’efficacité de la lutte contre cette endémie.

Notre constat en quittant le poste est très positif. Les villages que nous desservons ont de très grands besoins sanitaires : fécondité élevée taux de contraception particulièrement faible, absence de suivi des femmes enceintes, mortalité infantile importante. Ils sont dans une situation de quasi urgence sanitaire !

L’enthousiasme manifesté par les populations à l’égard d’Aissatou témoigne à la fois de ses qualités humaines et de la pertinence du concept d’équipe mobile avec sage femme.C’est très encourageant. Nous sommes heureusement surpris par la rapidité avec laquelle les populations ont adhéré au projet, ainsi que par l’importance des résultats déjà obtenus!